Les temps sont durs pour les compétitions de cyclisme sur route. Au fil des années, les exigences n’ont cessé de monter, notamment sur le plan sécuritaire. De quoi faire grimper les charges des organisateurs, qui se retrouvent parfois dans des situations délicates. Etat des lieux et ébauches de solutions étaient au menu samedi dans « La Tablée des Sports ».
Le calendrier des courses de cyclisme sur route ne se porte pas au mieux sur la scène suisse. Pour les organisateurs d’épreuves, qu’elles soient d’envergure locale ou internationale, les défis ont tendance à se multiplier, tout en devenant de plus en plus importants. Les normes en matière de sécurité expliquent en partie cette situation.
Des budgets toujours plus élevés
Sur une chaussée où le mobilier urbain pour ralentir le trafic est toujours plus présent, l’accueil de pelotons forts d’une grosse centaine de coureurs devient périlleux. D’où des mesures parfois drastiques pour tenter de protéger les athlètes. Conséquence: les budgets prennent l’ascenseur. Mais si les charges sont plus grandes, les revenus ne suivent pas forcément la même courbe. Trouver des sponsors est une quête ardue. Quant au soutien des autorités publiques, il a également certaines limites.
Pour nombre d'évènements, des choix doivent donc être faits. Si les finances ne peuvent pas être revues à la hausse, il s'agit de limiter les dépenses. Mais la marge de manœuvre est relativement faible. Ce qui pousse quelques responsables de compétitions à monter au créneau. Le 13 avril dernier, Richard Chassot, directeur du Tour de Romandie, lançait avant la 76ème édition à notre micro: « On est dans des années charnières. Il faut qu’on arrive à trouver des solutions pour garder l’équilibre ».
Toutes les courses sur route concernées
Bien installée dans le calendrier du World Tour, la boucle romande fait face à des difficultés. Mais si l’inquiétude est de mise pour une telle course, qu’en est-il dans les étages inférieurs de la pyramide ? A priori, le constat n’est pas beaucoup plus réjouissant. Au niveau junior, le Tour du Pays de Vaud, seule manche suisse de la Coupe des Nations réservée aux cyclistes âgés de 17 et 18 ans, a dû tirer un trait sur son édition 2023. La question sécuritaire a posé problème, de même que les coûts liés à l’hébergement des équipes.
Dans la région, « l’Enfer du Chablais », disputé aux abords du village de Rennaz, a disparu avec l'arrivée de l’Hôpital Riviera-Chablais en 2019. Côté valaisan, le « GP Berra Immobilier » et le « Mémorial Jean Luisier », mis sur pied par le VC Excelsior, ont quitté la région de Martigny pour rejoindre Fully, puis Saillon depuis 2022. L'attractivité du parcours a certes pesé dans la balance, mais les contraintes liées à la fermeture des routes ont aussi eu un impact.
A la veille du départ du Tour de Suisse à Einsiedeln, nous sommes revenus sur ces difficultés samedi dans « La Tablée des Sports » avec deux invités: Alain Witz, patron du Tour du Pays de Vaud, et Laurent Dufaux, ancien coureur d’Ollon et co-président du « Montreux Rennaz Cyclisme ».
Des solutions existent
La tableau dépeint jusqu’ici ne permet pas d’entrevoir un avenir radieux. Pourtant, des solutions existent. Pour endiguer les frais liés à la protection de l’intégrité physique des athlètes, tout en assurant un parcours fermé à la circulation, de plus en plus d’organisateurs recourent à des tracés articulés sous forme de boucles. En d’autres termes, le peloton est amené à passer plusieurs fois au même endroit. Reste à attirer le public lorsque ces « circuits » sont établis à bonne distance du centre des villes.
L’importance de la collaboration avec les autorités publiques
Le succès populaire est cependant une composante cruciale. S’il est au rendez-vous, il offre une plus grande visibilité aux partenaires et il devient plus simple de convaincre les représentants des pouvoirs publics. En cette période où les milieux privés semblent avoir du mal à apporter une plus large contribution, les instances de l’Etat ont un rôle central à jouer sur l’axe des revenus pour les compétitions de vélo sur route. Cette semaine, le Parlement a d’ailleurs décidé d’accorder une enveloppe annuelle de 25 millions de francs pour des évènements sportifs récurrents. Le Tour de Romandie devrait notamment pouvoir en bénéficier.
Quant aux plus « petites » épreuves, elles espèrent s’appuyer sur un effet ricochet. La décision prise par le Conseil national et le Conseil des Etats à Berne pourrait inspirer les cantons et les communes. Laurent Dufaux et Alain Witz se montraient optimistes dans la seconde partie de notre table ronde consacrée aux ébauches de solutions qui permettront aux courses cyclistes de survivre.