
- Marco Reymond s'occupe des 17 skieuses U18 et U21 du Centre national de performance de Brigue. (© Radio Chablais)
Pendant que les « grands » brillent à Saalbach, la relève du ski alpin helvétique s’entraîne durement pour atteindre le haut niveau. Elle le fait notamment sous la houlette de Marco Reymond. Le St-Légerin est entraîneur au Centre national de performance de Brigue depuis quelques mois. Rencontre.
Marco Reymond n’est pas resté bien longtemps loin du ski alpin. Après une carrière riche en Coupe d'Europe et cinq départs de Coupe du monde, le St-Légerin de 30 ans est désormais celui qui donne des consignes. Il s’épanouit aujourd’hui dans le coaching. Son papier d’apprentissage de dessinateur en bâtiment en poche, le Vaudois - qui opérait au sein de l'organe Ski Romand - a été débauché l’été dernier pour intégrer le Centre national de performance de Brigue. Il est responsable, avec deux autres entraîneurs, des skieuses U18 et U21.
Et Marco Reymond a deux mots-clés : l’écoute et la communication. Le trio travaille sur la base de préférences motrices qui ont pour objectif d’adapter le coaching aux personnalités des athlètes, qui allient sport et études. « Il est important de connaître et comprendre les sportives avant de pouvoir les coacher sur les skis. Si elle n’est pas bien dans sa tête, elle ne pourra pas performer », nous explique-t-il. C’est ainsi une approche personnalisée pour les dix-sept membres du groupe de travail qui est privilégiée.
Attention à ne pas brûler les étapes
Le ski alpin restant principalement un sport de ressentis, la discussion avec les sportives est ainsi extrêmement importante. C’est là tout le volet « humain » du rôle d’entraîneur, qui plus est auprès d’une tranche d’âge qui sort tout juste de l’adolescence. « Nos skieuses doivent supporter de grosses charges émotionnelles, que ce soit dans la vie de tous les jours, à l’école ou au ski. Nous devons être attentifs à tous les signaux », indique Marco Reymond.
Certaines d’entre elles reviennent par exemple de blessures. C’est dans ce genre de moments que la patience se doit d’être de rigueur. Et pour le Vaudois, qui a pris sa retraite sportive pour cause de douleurs récalcitrantes, le sujet est important. « J’ai connu ce genre de frustrations. J’ai donc un pas de recul qui me permet de me rendre compte de ce que peut traverser une de mes protégées, et être un petit peu plus diplomate là-dessus. »
Trouver le juste milieu
S’il doit redonner confiance à certaines athlètes, il doit en tempérer d’autres. Marco Reymond mentionne que l’une ou l’autre d’entre elles ont en tête de brûler certaines étapes. Sur le front de la Coupe du monde, la représentante de l’Albanie Lara Colturi n’a par exemple que 18 ans et est déjà montée sur la boîte. « Il est plus difficile d’émerger aussi vite en Suisse. Mais notre système d’échelons fonctionne plutôt bien. Il est tout de même nécessaire de calmer certaines de nos skieuses, qui ont cette volonté d’aller un peu plus vite. Il y a tout un équilibre à trouver. »
Et ce d’autant plus que les skieurs et skieuses alpin prennent des risques toujours plus importants, à tous les niveaux. « Le corps a quand même des limites. On ne pourra pas aller toujours plus loin, avec des pistes de plus en plus verglacées, des skis de plus en plus rapides… Et la sécurité a moins évolué que tous ces points. Encore une fois, il est important pour nous de tempérer nos filles. »
L’importance de la vidéo
Si nous nous sommes intéressés jusqu’ici au côté humain de la fonction de coach, il nous reste à aborder la dimension sportive. Car oui, le principal objectif pour Marco Reymond, c’est de faire progresser ses skieuses et les emmener le plus loin possible, au sein des cadres de Swissski. Même si oui, avec dix-sept athlètes, ce travail est conséquent. « Evidemment qu’avec ce nombre, il est difficile de réussir à mettre en place tous les entraînements spécifiques que l’on voudrait. En revanche, nous essayons de regarder ce qui est adaptable techniquement selon les athlètes. »
Cela passe en partie par l’analyse de datas, tout de même compliquée à réellement utiliser avoue le Vaudois. C’est ainsi principalement avec la vidéo qu’il peut travailler. « Dans une période de préparation, nous nous intéressons surtout à la justesse du mouvement, à la technique. Mais avant des courses, nous allons plutôt aller chercher la limite dans les lignes et trajectoires », nous éclaire-t-il. Réponse dans un futur proche pour voir si les conseils de Marco Reymond permettront à ses athlètes de briller au plus haut niveau.
Thierry Nicolet