- De gauche à droite : Sven Bürgi, réalisateur, le skieur lausannois Paul Dutoit et Julien Bédat, le freerider Chablaisien. Crédits image : Radio Chablais
Le jeune freerider de Val d’Illiez Julien Bédat a vécu une année hors norme. Avec cinq de ses amis romands, il a skié une multitude de couloirs raides et sauvages des Alpes Norvégiennes. Pour leur première grande expédition, les aventuriers ont vécu en totale autonomie durant 14 jours, bravant froid extrême, solitude et danger d’avalanche. Ils en tirent un documentaire : « Taak Livet ». Rencontre.
Depuis la Suisse, près de quatre jours de train, de bateau et de bus sont nécessaires pour parcourir les 4000 km qui séparent ces passionnés de montagne du nord du massif montagneux de Lyngen.
Arrivée au paradis du freeride, l'équipe, dont la moyenne d’âge est de 23 ans, entame alors son premier périple de grande ampleur : quatorze jours de marche, de grimpe, de ski et de bivouac en totale indépendance. Julien Bédat, freerideur chablaisien le reconnaît : « Accepter de participer à une telle aventure demande un grain de folie. Mais au-delà des risques, c’est surtout le rêve de tracer la ligne parfaite sur des faces raides avec nos potes qui nous a motivé à nous lancer. »
Le plan est simple : relier l’ouest de la presqu’île nord à l’est, établir quatre camps et en chemin, skier les plus beaux couloirs de la région. Pourtant, une fois engagés dans la traversée, le danger est omniprésent. Rafales de vent glacé à plus de 80km/h, froid intense et isolement, les amis ne peuvent compter que sur leur mental et leur équipement tiré sur une luge, ou « pulk ».
Prendre du plaisir, mais pas à n’importe quel prix
Dès le départ, c’est l’amour de la montagne et du ski qui réunit ces six compagnons de route. Pour le réalisateur et initiateur du projet Sven Bürgi, le dépassement de soi doit rimer avec la prévention des risques : « Il n’était pas question de mettre en danger inutilement mes amis pour avoir de belles images. Tout au long du documentaire, on nous voit renoncer à des couloirs lorsque le risque d’avalanche est trop élevé. C’était important pour moi de montrer que repousser les limites sportives peut se combiner avec la responsabilité. Un accident est vite arrivé et il gâche l’aventure à tout jamais. »
Un accident est vite arrivé et il gâche l’aventure à tout jamais.
Une expédition aussi périlleuse et exigeante que celle-ci ne s’improvise pas. Les six athlètes pratiquent l’alpinisme et le freeride depuis leur adolescence et possèdent une expérience étendue en haute-montagne. Mais la nature demeure imprévisible et impitoyable. Malgré leur vigilance et leurs connaissances, le groupe est passé proche de la catastrophe. En fin de parcours, le film montre l’impressionnante chute du skieur fribourgeois Paul Jaquet qui passe proche de la mort en dévalant une falaise. Son compagnon de route Paul Dutoit nous confirme que le paradis enneigé peut rapidement se transformer en enfer : « On ne peut pas éviter totalement les risques en montagne, le risque zéro n’existe pas. La pression, la fatigue de fin de voyage ont joué un rôle dans cet accident dont Paul se sort indemne mais ça a énormément impacté le groupe. »
De ce voyage alpin où se mêlent dépassement de soi et moments d’amitié, les skieurs en ont tiré un documentaire : Taak Livet, « Merci la vie » en norvégien. Un projet aux prises de vue époustouflantes, empreintes de gratitude et d’amour pour la montagne, qui est aujourd’hui projeté partout en Suisse Romande. Pour nous parler de cette aventure, Antoni Da Campo a rencontré jeudi le skieur Paul Dutoit, Sven Bürgi le réalisateur et enfin Julien Bédat, le freerider Chablaisien.
Ecouter l'entretien complet :
Le documentaire Taak Livet retrace 14 jours d’épopée de six jeunes freeriders romands, qui vivent leur rêve dans les alpes norvégiennes. Prochaines projections: le 9 et 25 janvier au magasin Pellissiez de Martigny.
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